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Fresque

Fresque

« Eveiller les consciences »

Tel est le crédo de cette fresque inaugurée le 20 mai 2022, lors du premier Blue Climate Summit. Réunissant les spécialistes mondiaux des désordres environnementaux, ce sommet d’une semaine se focalisait sur les conséquences du réchauffement climatique dans le grand Pacifique.

La commune de Arue tenait à s’associer à cette démarche qui coïncidait, qui plus est, à Matarii i Raro marquant la fin de la saison de l’abondance pour une période de six mois, moins généreuse.   

Pour que son message perdure, la municipalité a donc commandé une fresque sur le vaste mur de son gymnase du complexe sportif Boris Léontieff.

La commande par le street art avait une autre dimension.

Leur projet devait sensibiliser, donc, aux effets du changement climatique, mais par une représentation artistique qui devait être accessible à tous.

Le choix s’était porté sur ce vaste espace communal, visible à tout moment et gratuit.

En un regard, on devait comprendre la problématique mondiale et ses conséquences sur notre hémisphère. Elle devait également intégrer une dimension d’espoir, par la prise de conscience et la résilience des peuples à inverser le cours des choses.

Commande a donc été passée aux graffeurs de Polynésie sur « les effets du changement climatique ».

C’est l’artiste Jops qui a été finalement retenu par le comité de pilotage car le visuel qu’il proposait, répondait à tous les éléments demandés :

– la dimension internationale de l’urgence climatique ;

– le rôle des peuples du Pacifique ;

– le lien avec la culture māòhi, dont le ôtaha est l’oiseau sacré, mais aussi l’annonciateur du mauvais temps qui arrive sur l’île où il trouve le repos.

Une force symbolique

La fresque de Jops représente le globe terrestre en proie au réchauffement climatique. A sa droite, une pirogue polynésienne vogue sur des flots rougeoyants, soulignant combien nous ne sommes pas à l’écart de ce désordre du monde.

Un long anneau de tatouage couvre la scène.

Il symbolise le lien de toutes les communautés du Pacifique face à cette menace.

Le ciel bleu marine d’une nuit étoilée se pose en espoir, renforcé par le vol d’un « ôtaha » – une frégate, qui plane de longues heures au-dessus des flots.

La fresque est baptisée « Itoito te rare a manu » (Courageux est le vol de l’oiseau).

Malgré les dangers et les péripéties qu’il rencontre au large, le ôtaha parcourt des centaines de kilomètres pour trouver sa pitance et la ramener à son nid.

La symbolique de cet oiseau appelle l’humanité à ne redoubler d’effort pour sortir de ce cycle infernal.

Le 20 mai 2022 a donc marqué l’inauguration très symbolique de cette fresque, en présence de la maire de Arue, Teura Iriti, du ministre de la Culture, de l’Environnement et des Ressources marines, Heremoana Maamaatuaiahutapu et du ministre de la Jeunesse et de la Prévention contre la délinquance, Naea Bennett.

Des représentants du Blue Climate Summit participaient également à cet évènement, dont Sylvia Earle, exploratrice, océanographe et conférencière, Nainoa Thompson, précurseur et promoteur hawaïen de la navigation aux étoiles et Richard Bailey PDG de Pacific Beachcomber, dont l’hôtel Brando qui abrite sur son motu le siège de la Tetiaroa Society.

Si elle a fait sensation auprès du public, cette fresque ne sera pas la seule à porter le message qu’entend marteler les élus de la commune de Arue.

Elle sera complétée, en d’autres lieux de la commune par d’autres productions de street art.

Le leitmotiv ne changera pas.

Il faut garder à l’esprit les effets du changement climatique qui frappent déjà à nos portes.

Le message doit être vu de toutes parts.

A notre échelle, sur le mur du gymnase du complexe sportif.

Mais aussi, en projets, depuis la mer et, dans un troisième temps, depuis les hauteurs. Le belvédère du Tahara’a embrasse d’un regard toute la commune. La nouvelle fresque devra y être bien visible.

LEGENDES PHOTOS de chaque point de la fresque

La frégate du Pacifique

Le ôtaha, la frégate du Pacifique, est le plus grand oiseau marin de Polynésie avec une envergure pouvant atteindre les 2,30 m.

Bien qu’étant un oiseau marin, très agile et bon voilier, la frégate ne possède pas de plumage imperméable. Elle ne peut donc pas plonger dans l’eau et capture ses proies en surface, du bout de son long bec.

Moins expérimentés, les plus jeunes n’hésitent pas à s’attaquer à d’autres oiseaux pour leur voler leur prise.

La frégate pêche exclusivement le jour et passe de longues heures en mer, jusqu’à 50 kilomètres au large des côtes.

Les frégates sont des oiseaux sacrés.

Elles représentent l’émanation du Dieu de la guerre et fils de Ta’aroa : ‘Oro.

Sa persévérance à trouver sa nourriture même dans les flots tourmentés en faisait le parfait symbole de la résilience pour cette fresque.

Lorsqu’un mauvais s’annonce au large, son vol devient alors caractéristique : Elle le cisaille avec ses « plumes caudales » et tournoie au-dessus des habitations. Autrefois, les enfants chantaient alors « ôtaha ē, paòti » jusqu’à ce que le voisinage comprenne l’imminence du danger et prenne des dispositions comme remonter les pirogues laissées sur la plage.

Suivait le comportement caractéristique des dauphins et/ou des marsouins en mer. Ils entraient dans les passes, ou passaient près devant le récif frangeant. La coordination de ces conduites était très respectée.

Le ciel et la mer nous envoyaient des signaux forts.

Ces « tāpaò », ces observables, revêtaient donc une importance primordiale dans la relation et les interactions des habitants avec leur environnement naturel.

La pirogue-double

Le vert de la pirogue double des longs voyages des ancêtres polynésiens est la couleur de l’écologie et de l’espoir.

Elle vogue sur une mer rougie qui l’entraîne vers le brasier consumant la planète.

Le message est clair.

Si rien n’est fait, nous payerons chers notre peu de considération pour cette terre qui nous abrite.

Les passagers n’ont pas de visage.

Ils se confondent en un seul peuple.

Car la solution viendra de la communauté entière.

Leur couleur se confond avec celle de la pirogue, avec celle de l’espérance en des temps où l’environnement et sa protection se replaceront au centre de nos préoccupations.

L’arc de ciel et l’univers

La scène est enveloppée dans un arc de cercle inspiré des motifs polynésiens.

Il symbolise l’unité d’un peuple dans un seul et même objectif.

Dans la culture du tatouage, la ligne droite signifie un peuple.

Si elle est courbée, elle symbolise l’ensemble des peuples.

On devine derrière lui l’univers. Au-dessus de tout.

A chacun d’y voir l’allégorie d’un dieu qui veille malgré tout, la machine céleste qui pourrait se gripper avec ce grain de sable que nous maltraitons, ou le néant qui nous attend si nous continuons à regarder de côté.

Le graffeur Jops a volontairement voulu donner une lecture ouverte de son œuvre. « Qui chacun y aille de son interprétation. Que tout le monde s’y retrouve, avec son analyse. »

Le globe terrestre

Le globe terrestre est soumis au feu du réchauffement climatique.

L’image est on-ne-peut-plus clair.

L’homme commence à payer son inconscience où qu’il se trouve.

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